novembre 23, 2024

CRISE ANGLOPHONE : EXODE DES CAMEROUNAIS VERS LES PAYS VOISINS

CRISE ANGLOPHONE : EXODE DES CAMEROUNAIS VERS LES PAYS VOISINS

Dans une déclaration faite hier à Genève, Le HCR fait savoir qu’au moins vingt mille camerounais ont fui vers le Nigéria

 

Le nombre de camerounais anglophones demandeurs d’asile au Nigéria a doublé depuis mi-janvier. Dans une déclaration faite au cours d’une conférence de presse donnée mardi au Palais des Nations à Genève, la porte-parole du HCR AikateriniKitidi prévient que sans soutien international urgent, la lutte pour survivre deviendra de plus en plus désespérée. Pour le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, les Camerounais anglophones avaient commencé à fuir la violence en octobre 2017 et continuent à affluer dans les Etas de Cross River, Taraba, Benue et Akwa-Ibom au Nigéria. Au total, plus de 20 000 réfugiés ont été enregistrés dans la région. Les femmes et les enfants représentent les quatre cinquièmes de la population.

Selon une évaluation récente effectuée par des organisations humanitaires, la situation est extrêmement préoccupante.95% des demandeurs d’asile n’ont pas plus de trois jours de nourriture de stock. La plupart des familles ne prennent qu’un repas par jour. Les stratégies d’adaptation sont elles-mêmes risquées et vont de l’emprunt d’argent à la réduction des portions de nourriture ou à l’épargne alimentaire pour les enfants seulement.

Aux dires de la plupart des demandeurs d’asile, l’eau qu’ils boivent provient des ruisseaux, d’étangs et d’autres sources dangereuses, en raison d’installations d’eau potable insuffisantes ou dysfonctionnelles. Moins de 25% d’entre eux ont accès à des articles de secours, y compris des vêtements, des couvertures et des bâches en plastique. Seulement cinq Camerounais sur cent disposent d’un abri décent ou indépendant. Les autres ont peu ou pas d’intimité, squattant des salles accueillant en moyenne dix à quinze personnes. La protection contre le froid fait défaut, ce qui suscite de plus en plus d’inquiétudes pour la santé en raison du début imminent de la saison des pluies. Le paludisme serait déjà en augmentation. Les enfants toussent et respirent difficilement. De nombreux participants à la récente évaluation, menée par les organisations humanitaires, souffraient de peur et d’anxiété, d’un mauvais sommeil et de flashbacks. Au total, environ 20 à 30% des demandeurs d’asile présentent une vulnérabilité, y compris des handicaps physiques. Les trois quarts des enfants camerounais qui ont récemment fui au Nigéria ne peuvent actuellement pas aller à l’école, car leurs familles n’ont pas les moyens de payer les livres et les uniformes. Les adultes sont aussi de plus en plus frustrés alors qu’ils luttent pour joindre les deux bouts.

Poursuivant ses propos, la porte-parole du HCR ajoute que leur bureau a travaillé sur un appel de fonds d’urgence d’un montant de dix-huit millions de dollars pour aider à couvrir les besoins des réfugiés. Toutefois, aucune contribution n’a été reçue, ce qui entraine d’immenses défis et des lacunes dans les efforts d’aide.Plus tôt ce mois-ci,les autorités nigérianes ont alloué des terres au HCR,ce qui devrait permettre la création d’abris pour assurer la sécurité,la sureté et l’autosuffisance des réfugiés.Le HCR se félicite de l’engagement du Nigéria pour aider au transfert des réfugiés vers les lieux situés à au moins cinquante kilomètres de la frontière,en vertu des directives humanitaires.

A AikateriniKitidi de conclure que, l’institution onusienne est également préoccupée par les informations faisant état de nouvelles arrestations de ressortissants camerounais au Nigéria, dont au moins un demandeur d’asile au début du mois de mars. Le HCR exhorte les autorités nigérianes à s’abstenir d’expulser des personnes qui ont fui la persécution dans leur pays d’origine, à respecter le principe de non-refoulement et à exclure les retours forcés.

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