Sa Majesté Djantou Mirabelle, présidente déléguée du Gic ‘’Les Femmes Dynamiques de Tonga’’, était l’une des participantes de l’exposition-vente de produits agricoles organisée par le Pidma. Occasion pour elle de faire découvrir au public la mascotte du village éponyme d’où elle est ressortissante mais plus encore d’évoquer le travail qu’abat le groupement de femmes qu’elle conduit. Elle s’est livrée dans cet entretien mené par Sandrine Babo.
Sandrine Babo : Sa Majesté Djantou Mirabelle, vous prenez part à cette autre édition de l’exposition-vente qu’organise le Pidma. Dans votre stand un produit est la vedette, le riz de Tonga. De quoi s’agit-il exactement ?
Sa Majesté Mirabelle Djantou : Le pidma a mis à notre disposition deux hectares de riz et deux hectares de maïs et nous a promis un tricycle et une décortiqueuse. Il est connu sous plus de sept variétés les unes aussi appétissantes que les autres. Nous produisons le riz de Tonga complet, le riz étuvé, le riz demi-complet, la farine du riz, le pop rice, le jus du riz, le riz blanchi. A partir du riz paddy nous avons plusieurs sous-produits, le Gâteau, le spaghetti. Mais pour cette occasion nous n’avons pu réaliser ceux-ci faute d’appareils, nous espérons que d’ici l’année prochaine nous disposerons de tout le nécessaire pour valoriser davantage notre riz.
S.B : Le riz de Tonga est l’une des curiosités de l’exposition-vente du Pidma, pourtant avec une production annuelle estim »e à 120 tonnes, produits par 4000 ménages sur une superficie de 1000 hectares, ce riz « made in Cameroon » est quasi absent sur des étals des marchés du pays. Quels sont les prix que vous proposez ici?
Sa M.D.M : Je n’en disconviens pas le riz de Tonga est une denrée rare. Il est difficile de trouver sur place ce produit. Plusieurs raisons justifient cette absence du riz camerounais dans les marchés locaux. Il y’a l’éloignement des zones de production des grands centres urbains ce qui confine la commercialisation du riz produit dans nos localités ou villes secondaires voisines. Dans ce stand les prix varient entre 1000 et 5000 FCFA en fonction du kilogramme et de la variété du riz. Un peu trop cher vous allez me dire mais cela peut se comprendre. Tout se faisait à la main jusqu’ici. Mais avec la décortiqueuse promise par le Pidma et mise à notre disposition c’est prix vont considérablement baissés. Figurez-vous pour nous, femmes rurales et cultivatrices du riz de Tonga, nous allions jusqu’à Badounga à 21 kilomètres de Tonga pour le décorticage et cela nous coutait énormément cher. Mais rassurez-vous nous allons ramenez le prix du kilogramme du riz à 600 FCFA. Le travail sera moins pénible maintenant.
S.B : C’est quoi la particularité de cette denrée alimentaire ?
S.M.D : La particularité est toute simple. On n’utilise pas les engrais chimiques dans la culture du riz de Tonga. Vous comprenez que ce n’est pas exagéré de dire que le riz de Tonga est bio (rires). C’est notre fierté. Mais ce que j’ai constaté ici c’est que nos visiteurs doutent encore de la qualité du riz produit localement. La séance de dégustation faite sur place les a dissuadés, ils ont finalement aimé pour vous dire vrai !
S.B : Vous semblez maitriser les rouages sinon les techniques de culture de cet aliment. Dites-nous davantage
S.M.D : La culture du riz n’a plus de secret pour moi. Je suis née dans cette activité en ce sens que je l’ai hérité de ma mère. C’est depuis 2008 que je cultive et transforme le riz de Tonga. La culture de ce riz est pluviale et irriguée. On prépare le terrain à partir de la période de mai à juin, on sème en juillet, en aout au plus tard. Et c’est le riz irrigué qu’on sème de septembre à octobre.
S.B : Un dur labeur mais qui n’entame en rien votre dynamisme
S.M.D : Ouiii. Mais à côté de cela nous sommes confrontés à d’énormes difficultés au rang desquelles, la main-d’œuvre qui coute cher, les attaques et maladies fongiques, l’indisponibilité des intrants qui ne permettent pas de cultiver en grande quantité, le manque criard d’appareil rend le travail encore plus pénible. Dans d’autres localités il n’y a même pas de motoculteur.
S.B : Vous êtes une autorité traditionnelle. Mais vous avez une autre casquette et pas des moindres. Vous êtes également à la tête d’un Gic dénommée ‘’Les Femmes Dynamiques de Tonga’’ basée dans ce village. Sur quoi portent essentiellement vos activités ?
S.M.D : Notre credo est ‘’Ensemble contre l’insuffisance alimentaire et la pauvreté’’. Par ce fil conducteur, nous, mères, épouses, femmes rurales veillons à ce que nos populations soient à l’abri du besoin alimentaire. Et tenez-vous tranquilles, nos activités nous permettent de subvenir aux besoins de nos proches : frais de scolarité de nos enfants, soins de santé entre-autres. Le Gic Les Femmes Dynamiques de Tonga a été créé en 2008. Réalisant que Tonga est la principale commune rizicole de la région de l’ouest c’est donc à juste titre que nous avons monté ce projet. Au départ nous étions 6 membres fondateurs, on s’entraidait, au fur et à mesure le Gic a grandi. D’abord un champ communautaire de deux hectares en 2015, ensuite on a eu des fonds pour passer à l’étape de la transformation. Désormais on s’efforce pour avoir des appareils de conditionnements. Notre objectif est celui d’avoir un label. N’oubliez pas que nous sommes éligibles aux indicateurs géographiques au Cameroun. Actuellement le Gic compte en son sein 10 membres actifs. Chacune possède une parcelle de terrain pour la culture. Quand on nous alloue un financement, on peut s’accorder sur l’idée d’avoir un champ commun et les revenus on se les partage
S.B : Pour sortir de cet entretien. Peut-être mot à l’endroit de ces femmes qui hésitent encore à se lancer dans les travaux champêtres
S.M.D : J’invite les femmes à être courageuses, à avoir la volonté de travailler, ce qui garantira leur plein épanouissement
par : Sandrine BABO