BARREAU DU CAMEROUN
Me JANVIER ALFRED NGALLE MBOG EST LE TOUT PREMIER AVOCAT DU BARREAU DU CAMEROUN, NON VOYANT
Il fait partie des récipiendaires qui ont obtenu la clé qui leur ouvre les portes du Barreau du Cameroun. Les résultats de l’examen de fin de stage d’avocats session 2018 ont été publiés la semaine dernière. L’homme qui entre dans l’histoire de l’ordre s’est livré dans cet entretien mené par Sandrine Babo
SANDRINE BABO : En date du lundi 2 avril 2018 le ministre de la justice a publié les résultats de l’examen de fin de stage d’avocats session 2018.Vous êtes admis devenant ainsi le tout premier avocat au Barreau du Cameroun, non voyant. Vos impressions
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Pour moi c’est un sentiment de joie, de satisfaction mais c’est aussi un parcours de combattant.Ca n’a pas été facile mais pour moi c’est aussi la preuve que lorsqu’on fait des efforts on finit toujours par être récompensé. Maintenant je regarde l’avenir avec beaucoup d’optimisme.
SANDRINE BABO : Sur les mille quatre cent stagiaires qui ont participé à cet examen seulement quatre cent soixante-quatorze ont été déclarés admis, soit un taux d’échec d’environ 70%.Comment vous vous êtes préparé ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Je l’ai préparé comme je le fais d’habitude lorsque je vais à un examen. Je lis les matières qui seront proposées. Je me suis d’abord familiariser avec les anciennes épreuves. J’ai essayé de les traiter, je l’ai fait régulièrement, plusieurs fois, j’ai imaginé la manière dont on pose les questions. J’ai lu les codes, j’ai essayé de voir les dossiers au Cabinet parce que généralement les matières qu’on propose ont un trait avec ce qu’on fait au Cabinet.
SANDRINE BABO : Quel était votre état d’esprit en salle d’examen ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : J’étais serein, très serein d’ailleurs. J’ai fait preuve de sang-froid et c’est comme ça que j’ai abordé les épreuves
SANDRINE BABO : Ancien élève du Lycée de Ndog Hem, vous avez perdu la vue depuis votre tendre enfance. Vous ne vous êtes pas laissé abattre par le destin, vous avez surmonté votre handicap, vous avez cru en vos capacités et le résultat est là. Quelles ont été vos motivations à embrasser cette carrière ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : celles de réussir, d’être un citoyen à part entière, d’avoir ma place dans la société, de ne pas toujours être une personne assistée. C’est tout ceci qui a fait que je puisse aller jusqu’au bout malgré les difficultés. Je me suis dit, alors si je peux je me devais de mettre les chances de mon coté même si dans la société ce n’est pas toujours le même traitement. Je dois m’imposer. Je me suis battu et j’y suis arrivé
SANDRINE BABO : Votre stage vous l’avez fait au Cabinet d’Avocats Me Joseph Claude Billigha à Akwa c’est à Douala. Parlez-nous de cette collaboration.
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Lorsque j’ai eu mon examen d’admission en stage j’ai été confronté à une difficulté. Je n’avais pas de parrain et j’ai donc adressé une correspondance au Bâtonnier après que j’aie lu un texte dans le règlement intérieur qui dit que « lorsque un avocat stagiaire n’a pas de parrain il peut en faire la demande au Bâtonnier qui l’aide à trouver un parrain » ce que j’ai fait. Et c’est le secrétaire de l’ordre qui a téléphoné à Me Billigha et le Bâtonnier a donné son accord et j’ai été envoyé ici. Me Joseph Claude Billigha m’a formé. C’est vrai que ça n’a pas été facile au départ. Chaque fois qu’il y’avait un problème j’allais toujours le voir et on essayait de discuter. Je lui soumettais mes problèmes. Il m’écoutait toujours. Nous y sommes arrivés. Il est pour beaucoup dans ma formation et ma réussite et partant mon intégration au Barreau.Voilà !
SANDRINE BABO : Quelles ont été vos difficultés ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Je ne vais pas accuser les personnes qui rejettent la personne handicapée. Parfois c’est par ignorance, par manque de foi parce qu’on doute de la personne handicapée. Il est arrivé qu’on me refoule lors des inscriptions dans un établissement. Rendez-vous sur rendez-vous, voyant ma témérité c’est ainsi que j’ai été admis dans des écoles malgré les frustrations
SANDRINE BABO : Dans quel domaine allez-vous vous investir ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Pour le moment il m’est difficile de me prononcer. J’ai beaucoup de choses en tête, je suis encore submergé de joie. Je vais contacter les ainés, les confrères et mon parrain, avec mon parcours il pourront m’aider à trouver une meilleure spécialisation
SANDRINE BABO : Dans le cercle très fermé des heureux élus qui intègrent le Barreau du Cameroun, il y’a désormais le phénomène Me Janvier Alfred Ngalle Mbog. Etes-vous conscient de ce prestige et de la lourde tâche qui vous attend ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Je suis avocat, je suis appelé à défendre toutes les personnes. Bon maintenant compte tenu de ma conscience je ne suis obligé de défendre tous les dossiers. Lorsqu’il faudra défendre un dossier je dois le faire avec détermination, de dévouement, les mêmes dont j’ai preuve lorsque je me battais pour mon insertion sociale
SANDRINE BABO : Me Janvier Alfred Ngalle Mbog jusqu’où comptez-vous allez ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Jusqu’au bout. S’il fallait se décourager c’était avant. Maintenant que j’ai tous les outils, tous les arguments qui me permettent de dire, JE PEUX, je vais continuer à me battre pour avoir ma place et je suis sûr de l’avoir.
SANDRINE BABO : pour sortir de cet entretien. Vous avez collaboré durant de longs mois dans l’émission ‘’Nul n’est censé ignoré la loi’’ diffusée sur les antennes de Mediafrique Radio la 99.9 fm Douala. Quel souvenir gardez-vous de cette expérience ?
Me Janvier Alfred Ngalle M. : Ca m’a beaucoup apporté. Je vous assure que ma réussite à cet examen a été également rendue possible grâce à cette émission. C’est l’un des moments qui m’a permis de préparer mon examen parce que chaque fois qu’il fallait venir à l’antenne je faisais des recherches au préalable, je révisais en même temps. Une période enrichissante et je vous dis merci pour cette opportunité que vous m’avez donné.
SANDRINE BABO:AN7