La présidence de la République l’a annoncé ce 13 décembre 2018
« Le Président de la République S.E M Paul Biya a décidé ce jour de l’arrêt des poursuites pendantes devant les tribunaux militaires contre un certain nombre de personnes arrêtées, pour des délits commis dans le cadre de la crise dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest » lit -on dans un communiqué rendu public jeudi par le Ministre secrétaire général de la Présidence de la République Ferdinand NGOH NGOH. Le texte du SG de la Présidence précise que c’est un total de 289 personnes qui sont concernées par la mesure qui sera mise en oeuvre » à la diligence du Ministre délégué à la présidence chargé de la Défense « . Pour Paul Biya, cette grâce vise à faire « renoncer à la violence » les Camerounais des régions anglophones, en proie à de vives tensions depuis 2016. « Le chef de l’État réaffirme sa détermination à poursuivre sans relâche ses efforts dans la recherche des voies et moyens d’une résolution pacifique de la crise qui affecte ces régions …en vue de la normalisation souhaitée par l’immense majorité… » des Camerounais d’après le communiqué de la Présidence.
Le communiqué de Ferdinand NGOH NGOH est silencieux sur l’identité des personnes à gracier mais au Cameroun, certains noms sont dans les esprits. Le réputé Julius Sisiku Ayuk Tabe, leader séparatiste président de la République imaginaire de l’Ambazonie, État qu’il projette de fonder dans les régions du Nord Ouest et du Sud Ouest du Cameroun avec les adeptes de la sécession. Il est gardé depuis janvier 2018 à Yaoundé ainsi que 46 autres activistes anglophones. Tous avaient été arrêtés au Nigeria voisin d’où ils coordonnaient les attaques contre les positions des forces de sécurité et les civils non acquis à leur cause dans les régions anglophones. Le procès de 10 d’entre eux était jusqu’à la décision présidentielle en cours devant le tribunal militaire de Yaoundé. En dehors de ces meneurs de la contestation anglophone, de nombreux anglophones impliqués dans les manifestations de ces deux années de crise sont gardés dans diverses prisons du Cameroun. Ils seraient plus de mil détenus à Bamenda, Buéa, Bafoussam, et Yaoundé à en croire Me Christopher NDONG. Cet avocat de Sisiku Ayuk Tabe et Compagnie espère que ses clients feront partie de la liste des graciés. Joint jeudi par AfrikNews7, il estime que » si Sisiku et les autres sont libérés, on dira que le chef de l’État a compris le cri des Camerounais. Les Anglophones vont dire qu’il commence à comprendre leurs problèmes « . La grâce décidée par Paul Biya surprend certains observateurs en raison notamment des positions dures défendues depuis le début des violences par les caciques du pouvoir de Yaoundé. Mais cette mesure suffit t- elle pour apaiser les tensions dans les régions anglophones du Cameroun où les affrontements entre forces de sécurité et les combattants séparatistes ont fait plus de 200 déplacés internes et plus de 30 mil réfugiés au Nigeria? « C’est un début de solution, mais tout dépendra de qui sont concernés par la décision. J’espère qu’on a procédé à un bon profilage des acteurs pour identifier les prisonniers stratégiques à relâcher. Aussi la médiation devrait directement démarrer, adossée à un bon cadrage médiatique qui ne présente pas le geste du président comme la panacée mais davantage comme une preuve de son engagement à tourner une page pour ouvrir celle de la diplomatie » conseille Joseph Léa NGOULA, Analyste politique et expert en questions sécuritaires.La décision du président Camerounais intervient après la création d’un comité national de désarmement, démobilisation et Réintégration des combattants séparatistes.
Par : Georges Mitterand Ndam