Hommage à une Icône du Journalisme : Suzanne Kala Lobe
Suzanne Kala Lobe, femme de tête et journaliste accomplie, était une Sawa, et donc une sœur pour moi. Notre complicité réciproque remonte à plus de 30 ans ; c’est elle qui m’a invité pour la première fois sur un plateau de télévision. Avec le temps, cette complicité s’est renforcée et consolidée.
Je dois souligner que Suzanne Kala Lobe était avant tout une femme de tête, dotée d’une intelligence redoutable et d’un talent journalistique exceptionnel. Sa plume était acerbe et son ton corrosif. Elle savait frapper là où cela faisait mal et remuer sa plume dans la plaie.
Sa voix grave et rauque, conséquence des volutes de fumée, faisait merveille à la radio. Kala Lobe possédait une culture encyclopédique. Ses arguments étaient toujours affûtés et tranchants. Il est vrai qu’elle supportait difficilement la contradiction.
Ceci s’expliquait sans doute par son caractère entier et sa connaissance millimétrée des dossiers. Lorsqu’on la poussait dans ses retranchements, elle se cabrait. Le débat ou la discussion, qui pouvait presque ressembler à une dispute, se terminait souvent par un grand éclat de rire, sans rancune. « Monsieur Sam Mbaka, tu m’as donné soif. Qu’est-ce que tu m’offres à boire? On a trop parlé. »
Je tiens à préciser que cette grande dame, cette sœur aînée, avait ses habitudes à la Chaumière. Elle y avait presque sa table attitrée et certainement ses habitudes.
Kala Lobe incarnait une détermination chevillée au corps. Le journalisme perd une grande professionnelle qui illuminait de ses analyses les débats d’idées, tant à la radio qu’à la télévision et dans la presse écrite.
Travailleuse infatigable, elle portait son métier dans la peau et le journalisme chevillé au corps. Kala Lobe nous manque déjà.
Cyril Sam Mbaka
Président de l’Alliance des Forces Progressistes (AFP)