Business : « …Nous avons plus de 400 contrats avec les fournisseurs et les producteurs locaux Camerounais… »
Au cours d’une visite effectuée récemment dans la nouvelle enseigne du supermarché Carrefour Market, il nous a été donné de constater que cette entreprise en pleine expansion offre la part belle aux fournisseurs locaux et aux produits locaux, qui sont en permanence exposés dans ses rayons. Afin de mieux appréhender les raisons d’un tel déploiement au Cameroun et à Douala en particulier, Luc Demez, Directeur Général de CFAO Retail Cameroun a bien voulu apporter des explications dans cette interview exclusive
Monsieur le Directeur de CFAO Retail Cameroun. Une seconde enseigne Carrefour inauguré à Douala. Une troisième au sein du Grand Mall dans les prochaines semaines. Qu’est ce qui justifie cet investissement massif dans la ville de Douala particulièrement ?
Nous avons constaté que dans les villes de Douala et de Yaoundé il y’a une attente, d’une bonne partie de la population camerounaise, du commerce moderne, dont on sait que le commerce est fortement informel…On a fait un texte en fin 2017 à Bonamoussadi, qui est un quartier en dehors du centre-ville où il y’a peu d’expatries, cela nous a permis de faire un vrai texte. Il a s’agit de vérifier si au niveau des populations de douala. Il y’ a adéquation entre les besoins des consommateurs et ce que nous offrons. Fort de ce succès, de Bonamoussadi, nous avons ouvert Carrefour Yaoundé, l’année passée.
Par ailleurs, le Cameroun fait partir des pays où le groupe CFAO exploite les enseignes de Carrefour et où CFAO intensifie ses investissements en priorité les grandes villes douala et Yaoundé, d’ici trois (3) ans nous irons voir dans d’autres villes.
Le secteur de la grande distribution est hautement concurrentiel. Ne craignez-vous pas l’offre adverse des autres acteurs exerçant dans la même activité ?
Oui la concurrence est forte comme partout dans le monde. Sauf qu’ici la concurrence est informelle. Il y’a de la place pour le développement structuré du commerce. Ce pendant le concurrent ne reste pas les bras croisés, il y’a d’autres enseignes internationales qui se développent, ainsi que les enseignes locales qui se développent, aussi à Douala et Yaoundé. La concurrence est bonne et normale, elle nous permet d’être plus performant chaque jour. Et le grand gagnant c’est le consommateur, car plus la concurrence augmente, mieux les prix diminuent dans le sens à améliorer l’achat des consommateurs.
Quelle différence y-a-t-il entre l’offre Carrefour et la Concurrence ?
Il faut dire que Carrefour Market a quatre points de différenciation essentielle :
Premièrement, ce sont les produits frais, qui vont vraiment nous différentier par la qualité, la fraicheur, qu’ils s’agissent des légumes des fruits, de la vidange à préparer, qu’à manger, des produits frais à remballer, des yaourts. C’est un domaine dans lequel nous sommes plus complets, les plus aptes au niveau du commerce, ici à Douala en particulier et au Cameroun de manière générale. C’est là où le professionnalisme de nos équipes s’exprime véritablement.
Deuxièmement, sur la mise en avant des produits made in Cameroun, nous avons constaté qu’il y’a des plusieurs produits issus de l’agriculture, de l’élevage, de la pèche, venant de la petite industrie et de la grande industrie locale. Nous avons été surpris que dans les autres supermarchés, on en trouvait peu de ces produits locaux. Nous avons donc fait le pari de les mettre en avant, ce qui nous a permis d’avoir 400 contrats avec les fournisseurs et les producteurs locaux Camerounais et la présence de ses produits dans les rayons avec les étiquettes made in Cameroun, pour les repérer facilement. Les fruits, les légumes et la vidange sont 100% Camerounais.
Il y’a aussi les produits des grandes industries basées au Cameroun à savoir Nestlé ; Chococam ; également les moyennes entreprises qui développent les produits en confiture, en cacahouètes, en épices. Nous sommes fiers et très heureux de les soutenir et de leur retrouver une place dans nos supermarchés. Ce qui leur permet d’écouler leurs marchandises et à se mettre aux normes pour entrer dans la grande distribution et ça se passe bien.
Troisièmement, nos enseignes de Carrefour sont reconnues pour la commercialisation des produits de marques mondialement reconnus.
Enfin, Notre volonté d’accueillir le client, le servir et bien le servir afin qu’il ait une bonne expérience. Cela est à mettre à l’actif de notre personnel expérimenté, quel que soit la fonction doit pouvoir accueillir et servir au mieux le client.
Que dire du rapport qualité prix à Carrefour Ancien Dalip ?
Notre politique est d’attirer un maximum de clients, dont le revenu et le pouvoir d’achat sont plus faibles. Ils doivent trouver des produits chez nous, dont les prix sont très abordables et en suite des produits proches par rapport à la concurrence ; Et parfois des produits qui sont plus élaborés, il y’en a pour toutes les bourses. Aujourd’hui on s’assure par rapport à la concurrence qu’on est moins cher par rapport aux autres. Nous avons de très bons rapports avec l’Etat du Cameroun, CFAO est donc l’entreprise qui exploite ses magasins chez Carrefour à travers un partenariat noué en 2013. CFAO est présent au Cameroun depuis de longues années, à travers CAMI ; CFAO Equipement, Laborex ; ICRAFON etc. Bref CFAO connait bien le Cameroun, comme la plupart des pays de l’Afrique de l’Ouest, l’Asie, l’Amérique latine. Cette connaissance est un vrai avantage dans le développement de nos activités. C’est cela qui a favorisé nos relations avec le pays.
Quelle place occupe le Cameroun dans les investissements Carrefour en termes de ressources humaines, partenaires d’affaires ou relation avec l’Etat ?
Nous proliférons beaucoup d’emplois, un supermarché comme celui de Ancien Dalip, c’est 90 personnes engagées pour emploi direct, sur Bonamoussadi et de Yaoundé nous sommes autour de 160 personnes en emploi direct, il y’en a qui sont indirectement engagés à travers le nettoyage, la société de gardiennage, la société de maintenance, les hôtesses pour les rayons. Mais je vais plus m’attarder sur les 90 emplois directs crées car ce sont des emplois déclarés à la sécurité sociale, les employés ont droit à une assistance médicale pour eux et leurs familles. Ce sont des emplois qui permettent à ces personnes de vivre correctement et de faire vivre leurs familles. Cela est extrêmement important, et nous donnons beaucoup de formations au personnel. Ce sont des métiers qui sont nouveaux et en pleine expansion. Pour certains, c’est le premier emploi et le peu des expatriés qui sont là, ont pour rôle principal de former le personnel. De même que le directeur du magasin Carrefour Maket Ancien Dalip qui est Camerounais, a une expérience en Europe et aux Etats Unis, dont la responsabilité est aussi de former ses équipes à travers les expériences acquises.
Quelles sont les principales difficultés auxquelles votre groupe est confronté dans son déploiement au Cameroun ?
Nous souhaitons encore aller plus vite, par rapport à notre expérience. Nous rencontrons les difficultés avec le foncier, le juridique. Ce n’est pas toujours facile d’acquérir le terrain. Parfois c’est avec certaines administrations, dont les décisions sont parfois excessives, que nous rencontrons des difficultés, ainsi qu’avec certains fournisseurs, c’est toujours difficile pour eux de travailler en partenariat avec la grande distribution moderne, c’est le cas de ceux qui doivent livrer les produits laitiers, yaourts qui ne respectent pas souvent les températures prévues par la norme. Nous avons rencontré des difficultés pendant la période la Covid-19, parce qu’il y avait les produits qui devaient venir de l’extérieur. Mais il faut reconnaitre que dans la plupart des cas on a une collaboration plus positive avec les différents fonctionnaires et les différentes autorités qui peuvent aller au-delà de CFAO Cameroun.
Propos recueillis par Dim Dim