Le professeur Fabien Eboussi Boulaga est décédé le samedi 13 octobre 2018.Penseur africain de renom, auteur de plusieurs ouvrages, « Les Conférences nationales en Afrique Noire » (1993), « L’Affaire de la philosophie africaine » (2011), « La démocratie de transit au Cameroun »(1997) ou encore du célèbre essai philosophique « La crise du Muntu » publié en 1977. Selon son entourage le professeur Fabien Eboussi Boulaga n’aimait pas ce grade. Il a accompagné et inspiré plusieurs générations de chercheurs en sciences sociales, de la raison, il se choisira pour maitres, Hegel et Heidegger. Etranges maitres comme qui dirait pour quelqu’un qui fut perçu à l’étranger, comme le modèle même du philosophe sans étiquette c’est-à(dire l’homme de la crise du Muntu, l’homme qui a philosophé et qui a combattu l’ethnophilosophie. Jésuite, il a consacré son premier travail à la fois philosophique et théologique à Hegel et à Platon. Sa dissertation de licence en philosophie porte sur « la section religion dans la phénoménologie de l’esprit de Hegel ». Sa thèse de philosophie porte sur « le mythe jet dialogue comme forme du discours » en 1968. Mais premier contraste révélateur, ce qu’il reprochait à l’ethnophilosophie c’était précisément la grande place qu’elle accordait aux mythes et autres traditions. Fabien Eboussi Boulaga était aussi conscient que la pensée africaine dans le grand concert de la raison avait besoin de sa particularité, c’est pour cela qu’il a d’ailleurs écrit : «La crise du Muntu » qui aborde les questions d’authenticité et de tradition, « Authenticité africaine et philosophie ». Difficile de faire aujourd’hui le décompte des mémoires et des thèses consacrés à sa pensée. A défaut d’une œuvre accomplie ; Fabien Eboussi Boulaga nous lègue un style exigeant de faire de la philosophie et de vivre en philosophie.
Titulaire d’une licence en théologie de l’université de Lyon, d’un doctorat en philosophie et en lettres, Fabien Eboussi Boulaga a été professeur à Abidjan puis professeur à l’université de Yaoundé. Depuis 1994 il était professeur à l’université Catholique d’Afrique Centrale. Il deviendra actif dans des associations de défense des droits de l’homme. Après la publication de deux ouvrages « Bantou problématique » en 1968 et « La marque » en 1974, il s’attire les foudres des milieux ecclésiastiques.
Prêtre jésuite, en 1980, il décide de quitter la congrégation et demande à revenir à la vie laïque. Son départ de la vie sacerdotale et religieuse était le produit d’une décision murement réfléchie après avoir affirmé avoir « perdu la foi » depuis 1969.
Théologien catholique né au Cameroun, il casse sa plume à l’âge de 84 ans, laissant la communauté scientifique ainsi que sa famille dans une immense tristesse.
Par : Sandrine BABO