Sarah Kala-Lobe Kutta
Fondatrice du centre socioéducatif « les enfants de maman Nono », elle revient sur ses motivations et sur l’importance de l’éducation pour ces enfants malades.
Le choix du thème la culture au secours de l’éducation ?
Quand j’ai choisi ce thème, c’est parce que moi j’ai beaucoup appris à travers la culture, le patrimoine culturel enfantin, les jeux. J’ai beaucoup appris là-dessus. Cette façon de faire, guide l’apprentissage et ces enfants apprennent beaucoup. D’ailleurs si vous venez ici, vous allez voir les enfants qui jouent pour apprendre les calculs, les tables de multiplication, les jeux de mémoire.
Quelle est la particularité de ce centre ?
C’est un centre qui a les enfants normaux et les enfants handicapés que moi j’appelle les enfants à problème. Et j’ai choisi ceux qui ont des problèmes mentaux exprès, parce que vous êtes d’accord avec moi qu’ici au Cameroun, il y a des gens qui ont des problèmes et dont l’éducation pourrait améliorer leur situation. J’ai pris comme décision de travailler avec ces enfants. J’ai dans ce centre, tous ces enfants malades et il y en a qui ne veulent pas rester avec leur maitresse et qui se mettent à regarder ce qui se fait à distance. Il y en a également qui passe le temps à crier. Mais quand cela arrive et que quelqu’un approche d’eux, ils se calment.
Quelles sont difficultés lorsqu’on encadre ces enfants spéciaux ?
Les difficultés sont financières, parce que les parents pensent que c’est de l’argent jeté que de s’occuper de l’éducation pour un enfant qui a ces problèmes. Ils pensent dès qu’ils les amènent, je vois des parents se débarrasser. Mais quand ils commencent à devenir plus intéressant, par exemple l’assistance quand on ne va pas bien, c’est à ce moment que les parents commencent à faire attention. Si l’Etat pouvait aussi aider ces familles. Je le dis tous les jours et les parents ne veulent pas se réunir et créer leur association pour qu’on puisse les entendre. Je continue de faire mon plaidoyer, qui tombe comme une goutte d’eau. Mais au-delà de ces difficultés, j’ai de grandes joies parce que je vois comment un enfant qui arrive ici à l’âge de 6 à 8 ans, repart à 17 ans, et il peut aller faire son certificat et le réussir.
Qu’est-ce qui vous a motivé, il y a 30 années de cela à créer ce centre ?
Peut-être que c’est une mission que Dieu m’a confiée cette mission. Je crois que je suis née pour être éducatrice et je ne m’abstiens jamais à ne pas faire une éducation, où que ce soit, même quand je vois des parents avec les tétines dans la bouche, je leur demande d’enlever ça. Je crois c’est une vocation, c’est une mission.
Propos recueillis par Lucienne Wouassi